COMMUNIQUÉ DE PRESSE / ABBÉ PIERRE

La non-dénonciation et l’abus de confiance sont des délits : que fait la justice ? Elle classe sans suite. Scandaleux. Exigeons des enquêtes et un allongement des délais de non-dénonciation.

Après avoir signalé des faits de non-dénonciation de crimes et d’agressions sexuelles en septembre 2024, après le dépôt de plainte pour les mêmes motifs par Rachel, victime la plus jeune connue à ce jour (8 ans au moment des faits), et plus récemment le signalement en janvier de Philippe Dupont, ancien directeur du lieu de mémoire de l’Abbé Pierre à Esteville, ainsi que celui d’Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France, le parquet a donc décidé de classer sans suite les faits de non-dénonciation, invoquant leur prescription. Une décision scandaleuse

70 ans d’omerta. À partir de quand court le délai de prescription ? Pour les victimes, la peine est imprescriptible.

Nous savons aujourd’hui que l’Abbé Pierre a dû fuir certains pays comme les États-Unis en 1955 ou encore le Canada en 1963. Il a également fait l’objet d’hospitalisations pour ces raisons, à la demande du diocèse et du Mouvement Emmaüs. Pourquoi ces faits n’ont-ils pas été signalés ? Combien de victimes ?

Il est désormais établi que l’Abbé Pierre a fait des victimes a minima entre 1950 et 2007, année de sa mort. Comment une telle sérialité est-elle possible sans un système d’omerta organisé ?

Nous soutenons les nombreuses victimes, dont le décompte macabre est en cours. Que fait la justice ? Elle classe sans suite.

Une justice silencieuse face aux faits

Dans un État de droit, c’est à la justice d’établir la vérité des faits, et non à un cabinet extérieur mandaté par l’institution qui les a couverts. Par dignité pour les victimes, le parquet de Paris aurait dû s’auto-saisir, même si les faits sont prescrits.

Au lieu de cela, Rachel a déposé plainte en octobre 2024 pour non-dénonciation, un mois après le signalement effectué par Mouv’Enfants. Plus récemment, Philippe Dupont, ancien directeur du lieu de mémoire, a également signalé des faits de non-dénonciation, sans compter le signalement hypocrite de l’Église, qui reconnaît ces faits 70 ans après.

Combien de victimes a fait l’Abbé Pierre ? Certes, il est décédé, mais que disent les archives ? Ces archives parlent, et pourtant… que fait la justice ? Elle classe sans suite.

Un abus de confiance à grande échelle

À ce système d’omerta organisé s’ajoute un abus de confiance phénoménal. Plus de 70 ans de mensonges pour collecter des dons en entretenant une image trompeuse.

Honte au mouvement Emmaüs, qui pleure aujourd’hui une baisse significative des dons, alors qu’il a tout fait pour préserver l’image du “Saint Sauveur” au détriment des victimes, contraintes de voir leur bourreau élevé au rang de personnalité préférée des Français.

Si les Français avaient su, qui aurait donné ? Cet abus de confiance continue à peser sur les victimes. Nombreux sont ceux qui, aujourd’hui encore, se demandent pourquoi elles n’ont pas parlé plus tôt, alors que tout est désormais prouvé.

Exigeons des poursuites et un changement législatif

Nous demandons que l’Église et Emmaüs soient poursuivis pour non-dénonciation et abus de confiance. La sérialité des faits doit lever la prescription.

La justice ne peut se contenter de classer sans suite. Il est temps d’établir la vérité et d’engager la responsabilité des institutions.

Mouv’Enfants se tient aux côtés des victimes et continuera à se battre pour qu’enfin justice soit rendue.